

Le Gérontopôle Sud vous partage l'étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) qui révèle les préférences des Français concernant la prise en charge de la perte d'autonomie. Voici les principales informations à retenir de cette enquête menée auprès de 4 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus.
■ 74% des Français ne souhaitent pas vivre en établissement
Une opposition croissante à l'institutionnalisation
En 2023, 74% des Français ne souhaitent pas vivre dans un établissement pour personnes âgées dans le futur. Cette proportion a fortement augmenté sur les deux dernières décennies (de 53% en 2001 à 74% en 2023).
Les réponses varient en fonction de l'âge : les plus jeunes se déclarent davantage opposés à la résidence en établissement que les plus âgés. 80% des Français âgés de 18 à 24 ans n'envisageraient pas de vivre en établissement en cas de perte d'autonomie, contre 69% pour les 65 ans ou plus.
■ Concernant un proche : 44% feraient en sorte de s'en occuper à domicile
Le maintien à domicile privilégié
En 2023, les Français se déclarent peu favorables à l'entrée en institution d'un de leur parent proche : seuls 19% envisageraient cette option. 44% feraient plutôt en sorte de s'occuper de lui à son domicile, 21% seraient prêts à l'accueillir chez eux et 16% les soutiendraient financièrement afin qu'il puisse bénéficier d'aides à domicile.
Un changement majeur en dix ans
Ces réponses ont nettement évolué au cours de la dernière décennie. Entre 2014 et 2023, la proportion de personnes qui privilégient de s'occuper de leur proche à son domicile a augmenté de presque 20 points, passant de 25% en 2014 à 44% en 2023.
Des différences selon les revenus et les territoires
Les ressources financières pèsent sur ces décisions. Les Français les moins aisés sont moins favorables au placement en institution (15 %) que les plus aisés (23 %). Ils seraient aussi plus enclins à accueillir leur parent chez eux (27 %).
Le territoire joue également un rôle : en milieu rural et dans les communes de moins de 100 000 habitants, l'établissement spécialisé est plus fréquemment envisagé (23 % et 21 %) que dans l'agglomération parisienne (12 %).
■ Une cotisation spécifique acceptée si elle reste volontaire
Plus de la moitié refuse l'obligation pour tous
Si une cotisation dédiée au financement de la perte d'autonomie était créée, 54 % des Français privilégient qu'elle soit volontaire. Seuls 26 % accepteraient une cotisation obligatoire pour tous, et 20 % une obligation à partir d'un certain âge.
Les personnes les plus aisées se montrent plus favorables à l'obligation générale (32 %) que les moins aisées (23 %). Cette acceptation augmente avec l'âge, passant de 21 % chez les 18-24 ans à 25 % chez les 65 ans et plus. L'agglomération parisienne présente aussi une acceptation plus élevée (29 %) que les communes rurales (22 %).
L'aide universelle gagne du terrain
Les opinions évoluent concernant le ciblage de l'aide. En 2023, la moitié des Français sont favorables à une aide universelle sans condition de revenus, l'autre moitié préférant réserver l'aide aux personnes disposant de faibles revenus.
Cette évolution est significative : en 2007, seulement 23 % des personnes interrogées soutenaient l'aide universelle, contre 47 % aujourd'hui. Cette progression de 24 points témoigne d'un changement d'opinion notable sur la période.
■ Sept Français sur dix veulent un financement public
L'État plébiscité pour prendre en charge la dépendance
Les résultats de l'enquête révèlent que 69 % des personnes interrogées souhaitent que l'État et les pouvoirs publics assurent la prise en charge financière de la perte d'autonomie. Une minorité de 18 % privilégie une prise en charge par les descendants ou la famille. Le reste des répondants s'exprime en faveur d'un financement personnel via l'épargne ou l'assurance privée.
Cette préférence pour le financement public a légèrement progressé : en 2014, 64 % des Français étaient favorables à cette option, contre 25 % pour la prise en charge familiale et 11 % pour la prise en charge personnelle.
Des écarts selon les revenus et la géographie
L'opinion varie selon les caractéristiques des répondants. Les ménages modestes soutiennent davantage le financement public (73 %) que les plus aisés (59 %). Les habitants des communes rurales sont également plus nombreux à privilégier cette option (75 %) comparés aux résidents de l'agglomération parisienne (59 %).
Les familles monoparentales expriment une préférence plus marquée pour la prise en charge publique (75 %) que les couples avec enfants (68 %).
■ Le Gérontopôle Sud face au défi de la perte d’autonomie
En tant que centre de ressources et d’expertise régional dédié au bien vieillir en région Sud, le Gérontopôle Sud ne peut être que sensible à la thématique portée par cet article et l’intégrer dans la fixation des objectifs de notre feuille de route 2026.
Ils confirment ainsi la nécessité de développer des solutions d’accompagnement à domicile, adaptées aux besoins des personnes en perte d’autonomie. Nous soulignons donc l’importance de soutenir les aidants familiaux, qui constituent souvent le premier relais et le cœur de la prise en charge souhaitée par les Français.